Viviane et Jean-Lionel me ramènent à N.D.
de la Gorge au
matin.
Le sentier emprunte un chemin dallé, parfois taillé
dans le roc, le « chemin des Rochassets ». C'est une ancienne voie
romaine qui grimpe fortement en côtoyant le torrent du Bon Nant, ici très
encaissé et coupé de cascades. J'atteins l'hôtellerie du Nant-Borrant (1460 m ), située en haut
d'une clairière dominée par le glacier de Tré-la-Tête. Des randonneurs y ayant
passé la nuit s'apprêtent à repartir.
Je continue ma longue ascension, à travers un bois
de conifères puis un vaste alpage jusqu'à La Balme (1706 m ), chalet-hôtel situé dans le fond d'un
vallon. Je poursuis vers le sud, escalade un ressaut et atteins le plan Jovet.
Là se situe le siphon d'une conduite forcée qui amène l'eau du glacier de
Tré-la-Tête au lac de la
Girotte. Je franchis un nouveau ressaut qui mène au plan des
Dames (2043 m ),
petit plateau dont le centre est occupé par un vaste tumulus. D'après la
tradition, pour conjurer le mauvais sort, on y dépose une pierre. Ce que je ne
fais pas.
Alors le temps se couvre ! Je grimpe une combe raide
aux pentes d'éboulis où subsistent de grands névés. Un groupe de cinq brebis en
traverse d'ailleurs un en sens inverse. Curieux spectacle. Je me méfie tout de
même en traversant ce névé. La neige n'est plus très sûre.
J'atteins le col
du Bonhomme (2329 m ).
Le temps se gâte. Une petite cabane au col sert d'abri pour prendre le repas de
midi. Un groupe de randonneurs y a déjà fait étape. La place est limitée. On
sort les réchauds ; on en profite pour troquer les shorts contre des pantalons,
des pulls et des capes de pluie, car dehors le temps a vraiment changé. Lorsque
je m'apprête à repartir avec les autres marcheurs, il vente et il pleut.
Bientôt la pluie se transforme en neige.
Nous montons dans la pierraille, puis, à flanc,
atteignons le col de la Croix-du -Bonhomme (2483 m ) : « faux »
col indiqué par erreur à cet endroit. Le vrai col existe 500 mètres plus au sud,
au-delà du refuge. C'est ici la fin du parcours en Haute-Savoie. Le GR pénètre
dans le département de Savoie.
La neige redouble. Nous perdons une partie des
marcheurs qui s'égarent dans une direction différente, probablement vers le
col des Fours. A quelques-uns, nous rejoignons le refuge du Touring-club de
France du col de la Croix-du -Bonhomme.
C'est un refuge gardé. Nous franchissons le pas de la porte. Le refuge est
plein de randonneurs ou d'alpinistes qui n'ont plus qu'à attendre une amélioration
du temps. Je lie connaissance avec un jeune couple qui va passer la nuit sur
place. Après quelques grogs bien chauds, je décide de repartir.
Dur de retrouver la tempête de neige ! C'est ici que se séparent le GR 5 et le GR du
Tour du Mont Blanc. Le GR 5 pénètre dans le Beaufortin, massif couvert de dépôts calcaires du secondaire. Je grimpe sur le
premier contrefort de la crête des Gittes (environ 2500 m ). Une stèle est
érigée à la mémoire des chasseurs alpins qui ont entaillé la montagne sur son
versant nord.
Le GR grimpe dans les schistes délités, passe sur le
versant sud puis revient sur le versant nord et longe la crête. Le sentier
étroit suit le flanc de la montagne, au-dessus d'un versant très raide. Avec la
tempête, je n'en mène pas large.
J'aboutis en descente au col de la Sauce (2306 m ), qui est une station
de gentianes pourpres. La neige se transforme en pluie fine et en brouillard.
Je poursuis ma descente sur le flanc est du Roc du Vent. Je glisse plusieurs
fois dans l'herbe des pâtures devenue une vraie patinoire et, après avoir pesté
plusieurs fois, débouche brusquement dans le brouillard sur les murs indécis du
refuge du Plan de la Lai (1815 m ). Situé au bord de la
départementale 217, ce refuge est gardé tout l'été. J'y retrouve Viviane et
Jean-Lionel qui ont eu bien du mal eux aussi à monter avec le Trafic dans le
brouillard.
Il est 17h. Je suis trempé, transi. Je me change et
nous mangeons tous les trois au refuge, en compagnie de deux autres
randonneurs. L'un d'entre eux repartira demain sur le GR 5 vers Nice.
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