A 8h, nous entamons la descente vers les chalets de
Chevenne ; puis, par une petite route qui suit un ruisseau, nous atteignons La
Chapelle
d'Abondance, charmant village savoyard avec des chalets à balcon rustique,
dans le val d'Abondance. Nous buvons un pot et faisons des courses, car il n’y
aura plus de ravitaillement jusqu'à Samoëns.
Nous attaquons ensuite l'autre versant de la vallée
: une très belle montée sous bois, le long du torrent des Mattes. Nous
pique-niquons sur des alpages.
Poursuivant au bord de petits torrents, nous
atteignons une combe. Nous la remontons jusqu'à une crête boisée débouchant sur
un plateau herbeux. En cours de route, nous nous lavons dans un ruisseau. Nus
et les pieds dans l'eau, un petit instant hors du temps !
Au bout du plateau, nous atteignons le chalet de la Torrens. Il y a du
linge qui sèche ; mais nous ne rencontrons personne, excepté les troupeaux dans
les alpages. Nous ne trouvons guère d'endroit pour camper, alors que la fatigue
se fait sentir. Derrière le chalet nous remontons dans un vallon puis, à
travers des éboulis rocheux assez raides, nous arrivons enfin à 18h30 au col des Mattes (1910 m ).
Viviane, épuisée, ne peut plus avancer. Nous
décidons de camper sur l'alpage, entre la Pointe des Mattes et la Tête de la Torrens. Le temps se
gâte, le ciel se couvre. Nous nous croyons seuls au monde, à cent mètres d'un
abri destiné au bétail.
C'est alors que nous apercevons, à 200 mètres de nous, une
autre tente et un feu de camp. Intrigué, je m'en approche et rencontre un
original, américain d'origine allemande, disciple de Nostradamus, qui a décidé
de passer la nuit en prière auprès de son feu. Car, c'est certain, cette nuit
il va se passer un phénomène exceptionnel !
Des traces de pneus prouvent qu'il n'est pas monté à
pied. En effet, l'autre versant de la montagne est accessible en 4x4. C'est par
là que quelqu'un l'a amené pour le rechercher le lendemain ! Il me donne des
fruits, et je rejoins Viviane sous la tente.
En fait d'événement exceptionnel, à 19h30 l'orage
éclate. Un orage violent, interminable, comme il s'en trouve fréquemment en
montagne. Et pas un endroit pour se protéger : ni arbre, ni bâtiment
accessible. Nous sommes en plein cœur d'une étendue dénudée, véritable cible
pour la foudre. Une
grande partie de la nuit, la pluie va tomber, l'orage tonnant et roulant tout
autour de la montagne. La
foudre succédant à la foudre, à partir de minuit, c'est une luminosité
perpétuelle qui va nous éclairer pendant une heure. La tente tient bon. A côté
de moi, Viviane dort d'un sommeil profond.
Et puis, brusquement, vers 1h du matin, tout
s'arrête. Rassuré, je m'endors rapidement.
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